Le Millésime 1972 est une année qui vous tient à cœur ? Il s’agit pour vous d’une année de naissance, d’une année de mariage ou tout autre symbole qui vous incite à vouloir offrir ou boire un vin de cette année ? Nous allons vous décrypter ce millésime afin de vous aider à acheter la bouteille qui conviendra le mieux à votre besoin.
Le Millésime 1972 à BORDEAUX
Nous n’avons pas de bonne nouvelle à vous donner en ce qui concerne le millésime 1972. Ce dernier n’a pas bénéficié d’une bonne météo pour lui permettre de produire un grand vin. Nous pensons que, hormis les très, très grands châteaux, les vins de ce millésime sont devenus difficiles à déguster.
Le début du cycle végétatif n’avait pas bien démarré avec un temps nuageux voire pluvieux, la floraison prenait déjà du retard sur son évolution. Le mois de juillet fut nuageux et frais, ne rendant pas la tâche facile aux Merlots et aux Cabernets. Pire encore, des grêles au début du mois d’août sont venues ajouter un stress aux vignerons et encore une fois ralentir l’évolution des billes de raisins. Le mois de septembre a apporté un temps chaud et sec, mais il était trop tard pour rattraper le temps perdu. Les vins de ce millésime font partie des plus mauvais de la décennie… Riches en acidité, cela va leur permettre de tenir en matière dans le temps, mais la maigreur de leur jus, manquant de volume, de fruits et de complexité, ne vont pas permettre de les déguster convenablement après la vingtaine d’années. Vous l’aurez compris, il n’y aura pas de grande réussite cette année-là. Cependant, si nous devions donner une appellation qui sort un peu la tête de l’eau, et du lot, ce serait les vins de Margaux.
Leurs sols légers, ont notamment permis une meilleure évacuation des eaux et une absorption de la chaleur plus conséquente. Château Giscours ou encore Rausan-Ségla sont parmi les meilleurs vins rouges de Bordeaux sur ce millésime 1972. Les vins de Graves sont eux aussi un petit cran au-dessus des autres, avec le même style de sols que sur Margaux. La Mission-Haut-Brion faisant preuve de plus de densité que ses confrères.
En ce qui concerne les vins blancs, même son de cloche. L’année difficile, froide et nuageuse ne va pas permettre la production de grands vins de garde.
Le Millésime 1972 en BOURGOGNE
Le millésime 1972 est la preuve que dans les années 70, tous les vins de France vont subir la loi du vin de Bordeaux. Si le millésime est de mauvaise qualité sur Bordeaux, alors la presse internationale va qualifier la totalité des vins de France de vin de mauvaise facture. Hors si l’on regarde de plus près les vins de Bourgogne, on peut s’apercevoir que ce sont des vins de très bonne qualité. Le millésime 1972 est sous-estimé alors que les vins rouges se sont révélés comme la très belle surprise de ces deux dernières décennies. Cette année-là l’été s’est montré relativement frais, manquant de soleil, mais sans enregistrer de fortes pluies. Il n’a pas été possible d’atteindre le niveau de maturité de raisin que l’on attend à cette époque de l’année. Une forte chaleur, en septembre, va permettre au raisin de rattraper son retard. Ce qui, au bout du compte, va donner des raisins mûrs, avec une forte acidité et une belle concentration. Au premier abord, le millésime était difficile à la dégustation. Il passait après une année 1971 très flatteuse et n’arrivait pas à déployer toute sa complexité. Mais au fil du temps, les vins de 1972 vont évoluer doucement et de manière homogène et vont alors donner des vins d’une très grande qualité. Il est difficile voire impossible de trouver des vins de Bourgogne sur ce millésime de nos jours. Parfois peut-être en vente aux enchères. Si c’est le cas, n’hésitez pas à vous jeter dessus, vous trouverez sûrement de bonnes surprises.
Si ce descriptif du millésime 1972 est plutôt flatteur, cela ne concerne malheureusement que les vins rouges. Les vins blancs dans le tonnerrois ne vont pas réussir à atteindre la maturité nécessaire pour produire des blancs de grande qualité. Plus au sud dans la Côte d’Or, les vins ont été fortement chaptalisés : les vins semblent sucrés, épais, sans équilibre.
Le Millésime 1972 en VALLÉE DU RHÔNE
Encore une région ou le millésime 1972 va subir la mauvaise image de Bordeaux sur cette année.
Car oui, le millésime 1972 est un joli millésime sur la vallée du Rhône. La météo fut relativement similaire à celle de Bourgogne avec un début d’avril, mai et juin classique, sans trop de soleil. Le cycle végétatif prend alors forme avec un peu de retard, mais rien de trop important. Ensuite l’été dans le Rhône va manquer un peu de soleil comparé à son habitude, même si encore une fois, le soleil sera un peu plus présent qu’au nord de la Bourgogne. Le manque de soleil, du moins un soleil moins présent qu’à son habitude, va permettre au raisin d’atteindre une jolie maturité, sans pour autant être trop gorgé en alcool. Disons que pour les amateurs de vins bodybuildés, puissants et lourds, vous allez devoir passer votre chemin. Par contre, si vous aimez les vins plus fins, plus délicats sans pour autant tirer un trait sur un fruit intense, alors là, le millésime 1972 aurait sans doute été pour vous. Bon malheureusement, de nos jours, le fruit a disparu et a laissé place à un vin plus léger. Plus facile.
Si vous deviez choisir une appellation ou deux sur la région, nous vous aurions conseillé les vins d’Hermitage, une appellation sous-estimée, très similaire aux vins de Côtes-Rôties sans sa réputation. Puis, la bonne surprise vient des vins de Cornas, souvent cités comme une superbe appellation, qui dans des années compliquées arrive toujours à tirer son épingle du jeu. Plus au sud encore, les Châteauneuf du Pape sont quant à eux fins, fruités et souples.
De nos jours, difficile là aussi de trouver des vins de ce millésime… Mais nous ne pouvons que vous encourager à en acheter si vous tombez sur une bonne occasion, mais petit conseil d’amateur, les vins de Côtes-Rôties appellation décevante sont à éviter.
Le Millésime 1972 dans le RESTE DE LA FRANCE
Hormis en Bourgogne et en Vallée du Rhône, le millésime 1972 reste un millésime médiocre.
En Champagne, ce fut même la catastrophe, car en plus de subir une météo compliquée qui aura eu raison du chardonnay en ce qui concerne la maturité de ses raisins, ces derniers vont tomber en octobre à cause du gel. Une année vraiment à oublier pour bon nombre de vignerons de Champagne.
Même constat en Loire avec des vins souvent trop acides, manquant de soleil et de concentration. La pluie ayant fait son apparition sur le vignoble, la pourriture aura eu sa part du gâteau et va attaquer bon nombre de raisins.
Pour finir avec l’Alsace, idem, trop souvent acides et pas équilibrés, les riesling et les sylvaner connaissent la foudre des critiques. Une année à oublier après un 1971 intéressant.
Les meilleurs vins français de 1972
🥂 Et nous avons trois pépites à la tête du podium français pour l’année compliquée qu’est 1972 ! Voici le détail :
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Armand Rousseau Chambertin Grand Cru 1972 : 99/100 Parker
Voici l’une des légendes du millésime. Un cru d’une excellence remarquable qui aura su affronter les difficultés de ce millésime. Une note quasi parfaite pour la team Wine Advocate !
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Domaine Gros Frère et Sœur Grands Echézeaux Grand Cru 1972 : 95/100 Parker
Ce 1972 présente un nez spectaculairement flamboyant et parfumé d’herbes, de cèdre, de viandes fumées, d’épices orientales et de fruits doux. En bouche, l’acidité élevée du millésime est apparente. Mais waouh ! Quelle concentration extraordinaire, quelles saveurs et quelle puissance. Une année sous-estimée pour certains vignobles.
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Domaine Michel Lafarge Volnay 1er Cru Clos des Chênes 1972 : 95/100 Parker
Cette cuvée témoigne de la grandeur de ce vignoble et de son vigneron homonyme, Michel Lafarge. De couleur grenat profond, le nez est rustique et un peu ferreux, de la prune noire mélangée à de la feuille de cassis, mais quelle fraîcheur et quel croquant. La bouche est
soutenue par des tanins rigides qui la font ressembler davantage à un Pommard. Le fruit ici est plus noir que rouge, infusé de nori japonais et de tabac. Une belle année pour cette cuvée.