Année, Millésime 1990
Le millésime 1990 est un millésime qui vous tient à cœur ? Il s’agit pour vous d’une année de naissance, d’une année de mariage ou tout autre symbole qui vous incite à vouloir offrir ou boire un vin de cette année ? Nous allons vous décrypter ce millésime afin de vous aider à acheter la bouteille qui conviendra le plus à votre besoin.
Le Millésime 1990 à BORDEAUX
Le millésime 1990 est un millésime surprenant à bien des égards. D’une part car il est un des millésimes les plus productifs jamais enregistrés après les années 1986 et 1989. D’autre part, car ce fut, une fois n’est pas coutume, un millésime de vignerons ou les décisions prises par les propriétaires des Châteaux furent décisives et ceux qui s’en sont le mieux sortis auront tiré des bénéfices de certains aléas climatiques. Et il y en a eu sur ce millésime ! Tout d’abord car le millésime fut un des plus chauds de ce siècle, seule l’année 1949 a enregistré des températures plus hautes. Le cycle de la vigne s’est plutôt bien déroulé avec des mois d’Avril à Juin relativement chauds. L’été 1990 enregistre là encore des records avec des températures très fortes. Le mois d’Août fut même un des mois les plus chauds depuis 1928. Mais voilà, il ne suffit pas d’avoir de fortes chaleurs pour produire des grands vins, encore faut-il un mois de septembre de qualité sans trop de pluie afin que la vigne trouve son équilibre de maturité. Hélas, le mois de Septembre ne fut pas extraordinaire. De la pluie est tombée sur le vignoble de manière répétitive. De gros orages se sont abattus sur le vignoble Bordelais à la mi-septembre entraînant des inondations sur une partie de la rive gauche. Puis quelques pluies légères tombèrent à la fin du mois ainsi que sur la première quinzaine d’Octobre. Nous venons de vous annoncer que le mois de Septembre n’était pas fou, qu’il y a eu des pluies abondantes ponctuelles, mais finalement, ce mois ne fut pas catastrophique… Beaucoup de vignerons ont même affirmé que ces averses avaient été bénéfiques pour la vigne qui avait jusque là subi une sécheresse hydrique qui avait empêché la bille du raisin de mûrir et de grossir. Et c’est bien sur la date de vendange que la qualité du vin s’est décidée. Les vignerons ayant décidé de vendanger trop tôt n’ont pas profité de cette hydratation de la vigne et ont récolté des raisins petits, avec un jus pas équilibré.
Ce constat climatique aura pour conséquence de scinder en deux le vignoble Bordelais au moment de définir quelles appellations s’en sont le mieux tirées. C’est pourquoi, sur un millésime ou l’eau manquait dans sa globalité, les vignes plantées sur des sols plus concentrés, plus lourds auront réussi à conserver le peu d’eau et offriront des vins plus plein que des vignobles au terroir bien aéré, doté d’un meilleur drainage. C’est pourquoi les vins de Saint-Estèphe, et Saint-Julien, les vins de Pomerol ou encore les plateaux de Saint-Emilion s’en sont beaucoup mieux sortis que les vins de Graves ou de Margaux.
En ce qui concerne la dégustation, les vins seront encore dégustables de nos jours (2021), mais il faudra privilégier des vins ayant bénéficié d’un passage en barrique important, sur une des belles appellations citées juste au-dessus.
(Mai 2021) : Il nous reste encore quelques superbes flacons de ce beau millésime en cave tel que Petrus 1990 sur Pomerol, Château Figeac sur Saint-Emilion ou bien Château Calon-Ségur 1990 sur l’appellation Saint-Estèphe.
Le Millésime 1990 en BOURGOGNE
Sur la Bourgogne, le millésime est un millésime de très grande qualité qu’il ne faut pas négliger. Ce millésime est d’autant plus beau que la partie n’était vraiment pas gagnée d’avance. La coulure, le millerandage auront donné du fil à retorde aux vignerons. Mais après une vendange verte et un tri des fleurs, la météo compléta le miracle. Le millésime 1990 est un des rares millésimes en Bourgogne à offrir des vins sur le fruit et la finesse sur sa jeunesse, mais qui après une période de fermeture offre et offrira encore quelques années des vins puissants, profonds à la couleur sombre. Il faudra bien-sur bien choisir sa bouteille, sélectionner en priorité des rouges de la Côtes de Nuits. Les Vosne-Romanée sont magnifiques avec leur puissance, tandis que des beaux Chambolle-Musigny vous enroulent dans leur finesse de soie.
En ce qui concerne les vins blancs, le millésime 1990 est là aussi un très bon millésime, avec un petit point négatif. Disons que les vignerons un peu trop gourmands qui n’auront pas pris la peine de limiter leur production auront des raisins qui n’atteindront pas la maturité suffisante pour offrir des vins concentrés. Dans l’ensemble, les vins de Chablis, de Meursault ainsi que de Puligny-Montrachet s’en sont très bien sortis, mais l’appellation qui sort du lot est l’appellation Corton-Charmelagne qui aura connu un millésime exceptionnel.
Pour notre part, il nous reste quelques bouteilles du Meursault 1er Cru Charmes de Jacques Thévenot-Machal, magnifique bouteille qui sublimera un Chapon, une Volaille de Bresse ou un Ris-de-veau délicat et fin.
Le Millésime 1990 en VALLEE DU RHÔNE
En Vallée du Rhône aussi les vins sont intéressants, et le millésime 1990 ne passe pas inaperçu. Cependant il faudra faire une bonne sélection et favoriser certaines parties du vignoble en fonction de la couleur du vin. Pour les vins rouges, il est finalement difficile de dire quelle appellation a mieux réussi ce superbe millésime 1990. Pour les vins de Côte Rôtie ou d’Hermitage, l’année fut une année de rêve, avec une vendange saine, abondante enregistrant des taux de sucre importants, signe de vins puissants et profonds. Même son de cloche sur Cornas et Saint-Joseph. Finalement toutes les appellations furent fantastiques sur le Nord de la Vallée du Rhône et il faudra aussi souligner la grande qualité des vins de Crozes Hermitage, qui offrent habituellement des vins plus souples que leur grande sœur Hermitage, mais qui sur ce millésime n’auront pas à rougir de leurs aînés. Si nous descendons sur la partie méridionale, nous constaterons que ces derniers s’en sortent tout aussi bien. Les Châteauneuf du pape sont fantastiques avec des vins puissants, riches et d’un grand potentiel de garde. Idem pour les appellations de Gigondas, Vacqueyras qui sont d’une grande intensité.
Pour les vins blancs, le Nord s’en sort mieux que le Sud. Les vins de Condrieu sont magnifiques, avec leur minéralité, leur complexité et profitent d’une belle acidité pour un bon vieillissement.
Le Millésime 1990 sur le reste de la France
Finalement le millésime 1990 est un grand millésime un peu partout en France. En Champagne par exemple, l’année 1990 est considérée comme une des plus grande année du siècle. Idem dans le Sud-Ouest où l’appellation Jurançon enregistre un troisième millésime d’anthologie. Cela peut paraître paradoxale, mais aussi qualitatif et sain soit-il, le millésime 1990 fut aussi très abondant sur certaines parties du vignoble. C’est le cas pour les vins de Loire qui, pour certaines propriétés auront atteint les 70 hectolitres à l’hectare, ce qui est juste énorme. Difficile de sortir des jus de grande qualité et d’une belle concentration quand on choisit le volume à la qualité. Il faudra donc bien choisir ces vignerons pour être certain de déguster des jus de qualité.